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Le président français, Emmanuel Macron, s’est prononcé, samedi 5 octobre, en faveur de l’arrêt des livraisons d’armes à Israël qui sont utilisées dans le conflit dans la bande de Gaza. « Je pense qu’aujourd’hui, la priorité, c’est qu’on revienne à une solution politique, qu’on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza », a-t-il déclaré lors de l’émission « Etcetera » sur France Inter. « La France n’en livre pas », a-t-il ajouté lors de cet entretien enregistré le 1er octobre.
En avril, Sébastien Lecornu, ministre des armées, assurait que les exportations françaises vers Israël ne représentent qu’un tout petit pourcentage des exportations françaises de défense : 0,2 %, sur un total de 27 milliards d’euros en 2022, soit autour de 15 millions d’euros pour les livraisons d’armement, et 34 millions d’euros, sur un total de 8,8 milliards, pour les biens dits à « double usage ». Ces licences concernent « essentiellement des transferts de pièces détachées », disait-il.
Mais ces transferts recouvrent une large gamme de composants, parfois clés pour la fabrication d’équipements plus complexes. Le 26 mars, le média d’investigation Disclose et le site Marsactu ont ainsi dévoilé la présence, dans le port de Marseille, d’une cargaison de maillons pour des munitions de petit calibre, destinée à une filiale du géant de la défense israélien Elbit. S’il est apparu que la licence accordée permettait seulement, selon le ministère des armées, de la réexportation à des pays tiers, et pas d’usage par l’armée israélienne, ces informations ont mis en lumière l’ambiguïté des échanges diplomatico-militaires entre la France et l’Etat hébreu.
« Honte à eux », n’a pas tardé à répliquer le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou au président français et aux autres Occidentaux appelant à des embargos d’armes contre son pays. « Alors qu’Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d’Israël », a-t-il lancé. La France « est l’amie indéfectible d’Israël », a répondu l’Elysée, qui a déploré les « mots excessifs » de Benyamin Nétanyahou « et sans rapport avec l’amitié entre la France et Israël ».
De son côté, le président américain, Joe Biden, s’est jusqu’à présent refusé à user du levier des armes à Israël, en dehors de la suspension d’une livraison de bombes en mai. Le Royaume-Uni a, pour sa part, annoncé, en septembre, la suspension d’une trentaine de licences d’exportation d’armes à Israël sur un total de 350, à la suite d’un examen concluant à « un risque » qu’elles soient utilisées en violation du droit humanitaire international dans le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza qui a suivi l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, le 7 octobre 2023.
Le président français a déploré que les lignes ne bougent pas à Gaza, malgré tous les efforts diplomatiques conduits pour obtenir un cessez-le-feu, en particulier auprès d’Israël. « Je pense que nous ne sommes pas entendus. Je l’ai redit au premier ministre [Benyamin] Nétanyahou et je pense [que] c’est une faute, y compris pour la sécurité d’Israël demain », a souligné Emmanuel Macron. « On le voit bien dans nos opinions publiques, on le voit de manière encore plus terrible dans les opinions publiques de la région, c’est au fond un ressentiment qui est en train de naître, une haine qui est nourrie par cela », a-t-il ajouté.
Après le lancement de l’opération israélienne contre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah au Liban, Emmanuel Macron a aussi rappelé que la « priorité est d’éviter l’escalade ». « Le peuple libanais ne peut pas à son tour être sacrifié et le Liban ne peut pas devenir un nouveau Gaza », a-t-il martelé.
Cette prise de position a été plutôt bien accueillie à gauche, à l’instar du patron du Parti socialiste, Olivier Faure, qui a exprimé son soulagement sur le réseau social X : « Enfin et tant mieux si la France peut parler d’une seule voix ! » « Oui, il faut cesser de livrer des armes à Israël comme nous le disons depuis des mois », a également réagi le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard, appelant cependant à « sortir de phrases sans effet » car « seuls les actes comptent » et réclamant en outre des « sanctions contre le gouvernement de Nétanyahou ».
La cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain a, elle aussi, estimé que la France doit aller plus loin et « arrêter toutes les livraisons d’armes à Israël » dont l’armée « commet des crimes de guerre ».
A l’inverse, le porte-parole du Rassemblement national, Julien Odoul, a dénoncé un changement de pied « irresponsable et criminel », rappelant qu’après les attaques du 7-Octobre, le chef de l’Etat « voulait monter une grande alliance militaire internationale contre les terroristes du Hamas », tandis qu’« un an après, alors que l’Etat d’Israël est attaqué de tous côtés, Macron veut le désarmer ».
Le Monde avec AFP
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